Echelle Empathy in Design (EMPA-D)

Dernière née des échelles de mesure standardisées développées par notre groupe de recherche HCI à Luxembourg, notre échelle Empathy in Design Scale (Empa-D) permet d’évaluer le niveau d’empathie de parties prenantes d’une entreprise (typiquement les employés d’un service) envers les utilisateurs finaux. Elle reflète en partie le niveau de maturité UX d’une entreprise, et peut aider à le développer en ciblant des aspects particuliers.

C’est à la thèse de ma doctorante Luce Drouet que nous devons cet instrument. Luce travaille sur les méthodes empathiques dans le design de service, et tente, à travers de nombreuses interventions, de comprendre comment développer de l’empathie chez les employés d’un service envers les utilisateurs. Pour comprendre si une intervention est bénéfique, faut-il encore être capable de mesurer le niveau de base de l’empathie au sein d’une entreprise, puis voir son évolution après des interventions visant à développer la maturité UX d’une organisation.

Une publication initiale a été présentée lors de la conférence CHI 2022 (attention, les items de l’échelle finale sont désormais un peu différents !): https://doi.org/10.1145/3491101.3519848

L’échelle finale, après 2 études de validation complète, comprend 11 items divisés en 3 sous-dimensions (pour le moment en anglais uniquement, mais la version FR est en phase de test et sera bientôt disponible également): Emotional Interest/Perspective Taking (EIPT), Personal Experience (PE), Self-Awareness (SA).

References:
Luce Drouet, Kerstin Bongard-Blanchy, Vincent Koenig, and Carine Lallemand. 2022. Empathy in Design Scale: Development and Initial Insights. In Extended Abstracts of the 2022 CHI Conference on Human Factors in Computing Systems (CHI EA ’22). Association for Computing Machinery, New York, NY, USA, Article 373, 1–7. https://doi.org/10.1145/3491101.3519848

Office Agents

Imaginez l’environnement de travail du futur… Vous entrez dans votre « smart building », bâtiment bardé de capteurs capable de mesurer la qualité de l’environnement de travail et d’optimiser l’énergie utilisée. A votre poignet, un bracelet connecté mesure votre activité physique. Dans votre smartphone se trouvent une myriade d’apps permettant de mesurer ou d’analyser vos comportements ou votre santé. L’une d’entre elle mesure même votre productivité et vous aide à lutter contre la procrastination. Tout cela fait peut être déjà partie de votre quotidien, ou ne semble pas si éloigné de la réalité… mais est-ce un futur désirable ?

De cette réflexion est né un project de recherche par le design, mené par mon étudiant Sjoerd Stamhuis à l’Université d’Eindhoven. Et si chaque employé était équipé d’un kit de capteurs capable de mesurer son niveau d’activité physique, sa productivité ainsi que la qualité de l’environnement de travail, et d’indiquer quand l’un de ces paramètres n’est pas optimal ?

Les Office Agents sont un set de 5 capteurs placés sur chaque poste de travail. Dans un esprit de design spéculatif, chaque agent a une personnalité et la ferme intention de vous aider à optimiser votre travail pour être productif et en bonne santé.

  • L’agent de productivité tracke vos tâches et votre concentration et vous envoie des notifications écrites pour vous rappeler à l’ordre. Il est rigoureux et plutôt autoritaire.
  • L’agent d’activité physique est lié à votre montre connectée et combat la sédentarité au travail. Il vous stimule à bouger davantage quand il ne détecte pas de mouvement pendant 30 min. Pour se faire, il gigote pour attirer votre attention.
  • L’agent de l’air mesure constamment la qualité de l’air à l’aide d’un capteur intégré. Il active son ventilateur pour vous notifier qu’il est temps d’ouvrir la fenêtre pour aérer votre espace de travail.
  • L’agent du bruit capte les décibels autour de votre bureau. Il émet des vibrations répétées quand le niveau sonore dépasse 70 décibels pendant plusieurs secondes, c’est une invitation au silence !
  • L’agent de lumière mesure la luminosité à votre poste de travail à l’aide d’un capteur intégré. Quand elle est inférieure à 300 Lux, il clignote et indique que vous devriez trouver une place près d’une fenêtre ou augmenter la lumière artificielle.

Arriverez-vous à suivre les recommendations de vos agents ? Certaines de ces requêtes vont-elles se contredire ? (suivre le conseil de l’agent d’activité physique pour aller faire une marche ne va sûrement pas plaire à l’agent de productivité). Peut-on optimiser son environnement de travail en prenant en compte toutes les bonnes pratiques ? Quels sont les défis et les limites de cette approche du travail où tout est mesuré et optimisé ?

Sjoerd Stamhuis, Hans Brombacher, Steven Vos, Carine Lallemand. 2021. Office Agents: Personal Office Vitality Sensors with Intent. Proceedings of the Extended Abstracts of the 2021 CHI Conference on Human Factors in Computing Systems. https://dl.acm.org/doi/10.1145/3411763.3451559 (open access)

Regardez la video du projet (30 sec): https://youtu.be/AEEI5bZXNnA

The Hubs

Le Hub est une station de travail qui s’adapte à différentes tâches lors des walking meetings (réunions en marchant). Les Hubs forment un réseau qui guide les employés durant leur réunions : libres à eux de s’arrêter à un hub pour prendre des note ou consulter un document. Chaque hub est équipé de quatre écran tactiles et d’un scanner RFID permettant de se connecter, avec un simple badge, à un environnement web personnalisé. La forme des Hubs est inspirée des panneaux de signalisation néerlandais ANWB, qui sont couramment utilisés pour indiquer la direction aux Pays-Bas.

Nous présentons la conception et l’usage des Hubs dans deux publications :

Ida Damen, Anika Kok, Bas Vink, Hans Brombacher, Steven Vos, Carine Lallemand. 2020. The Hub: Facilitating Walking Meetings through a Network of Interactive Devices. Proceedings of the 2020 Designing Interactive Systems Conference, Eindhoven, the Netherlands. doi:10.1145/3393914.3395876 (open access)

Ida Damen, Steven Vos & Carine Lallemand. 2021. The Hubs: Design Insights for Walking Meeting Technology. 18th IFIP TC International Conference on Human-Computer Interaction INTERACT’21, Bari, Italy.

Workwalk

La sédentarité au travail est un challenge grandissant, entraînant des problèmes de santé chroniques multiples. Si de nombreuses interventions (non-technologiques) existent dans le domaine de la santé au travail, il y a peu de produits interactifs qui encouragent les employés à adopter des modes de travail plus actifs. La plupart des systèmes existants fonctionnent sur base de notifications pour stimuler des pauses plus fréquentes.

Avec mon équipe, notamment ma collègue Ida Damen ainsi que mes étudiants du Vitality Squad, nous travaillons sur la conception de produits et services stimulant des modes de travail actifs. Parmi eux, les walking meetings (ou réunions en marchant).

Le Workwalk est un concept de walking meeting installé sur le campus de TU Eindhoven depuis 2018 en tant que concept test. Il se présente sous la forme de lignes pointillées peintes au sol, formant un réseau de chemins propices à la pratique des réunions en marchant. Chaque route a une durée d’environ 25 minutes. Les employées peuvent réserver le Workwalk de la même façon qu’une salle de réunion, via le système de réservation de salles. Des points de rencontre sont situés à l’entrée des principaux bâtiments pour débuter la réunion.

Si la pratique des walking meetings est prometteuse, de nombreux challenges viennent en limiter l’usage à l’heure actuelle. Nous avons étudié les opportunités, obstacles et défis des walking meetings en réalisant des entretiens avec 16 utilisateurs du Workwalk à Eindhoven.

Retrouvez les résultats de cette étude dans l’article suivant:

Ida Damen, Carine Lallemand, Rens Brankaert, Aarnout Brombacher, Pieter van Wesemael, Steven Vos. (2020). Understanding Walking Meetings : Drivers and Barriers. Proceeding of the CHI Conference on Human Factors in Computing Systems. doi:10.1145/3313831.3376141

En complément de ce concept de service relativement low-tech, nous explorons des produits ou technologies pouvant soutenir la pratique des walkings meetings. Les Hubs en sont est un exemple.

Pour votre prochaine réunion, pourquoi ne pas tester la pratique du walking meeting ? Invitez 1-2 collègues à vous joindre durant une journée ensoleillée et découvrez une nouvelle façon de travailler, stimulante et créative !

UX Context Scale – Echelle d’évaluation quantitative des aspects contextuels

dimensions UXLes trois facteurs constitutifs de l’UX sont : le système, l’utilisateur et le contexte. Si de nombreux outils d’évaluation sont focalisés sur les qualités du système (ex. AttrakDiff) et l’état interne de l’utilisateur (ex. PrEmo ou échelle PANAS), peu d’outils existent pour évaluer le contexte d’utilisation. Parmi eux, les outils quantitatifs adaptés à l’UX sont à notre connaissance quasi-inexistants.

Généralement, dans la phase de recherche utilisateur, on va se renseigner sur le contexte d’usage afin de concevoir un produit adapté. Seulement, si l’on veut évaluer l’impact du contexte dans l’évaluation de la qualité de l’expérience, il faut trouver un outil adapté ! Dans ma thèse, j’ai développé une échelle d’évaluation de la qualité perçue du contexte. Celle-ci comprend à la fois les aspects objectifs et subjectifs du contexte.

Tout comme pour la traduction d’un outil d’évaluation (voir l’article sur la version française de l’AttrakDiff), la construction d’un outil quantitatif doit suivre une procédure rigoureuse pour garantir ses qualités psychométriques (sensibilité, fidélité, validité). Notre échelle de contexte a été créée en suivant cette procédure.

Vous pouvez utiliser l’échelle pour vos projets, elle est publiée en open access dans l’article suivant (qui doit être référencé lors de l’usage de l’échelle): 

Carine Lallemand & Vincent Koenig. 2020. Measuring the Contextual Dimension of User Experience: Development of the User Experience Context Scale (UXCS). NordiCHI ’20: Proceedings of the 11th Nordic Conference on Human-Computer Interaction. doi:10.1145/3419249.3420156

Méthodes de design UX v2

Trois ans après la première édition de Méthodes de design UX (2015), la 2e édition est sortie le 6 septembre. Au-delà d’une actualisation des contenus – importante dans une discipline qui évolue si rapidement ! – j’ai passé quelques centaines d’heures à créer de la valeur ajoutée à cette version pour vous soutenir encore davantage au quotidien dans vos projets UX.

Guérilla quick & clean : Puisque ce sont le temps et les ressources qui manquent le plus souvent, la principale nouveauté de cette v2 ce sont les variantes guérillas pour chaque méthode. Mais attention, comme je l’ai souligné lors de ma conférence à BlendWebMix 2017, je parle ici de guérilla «quick» sans être «dirty» (le quick & clean !), de techniques inspirantes qui peuvent dans la majorité des cas constituer une alternative valide aux méthodes traditionnelles de design UX. Chaque proposition guérilla a bien entendu des limites, sur lesquelles j’attire votre attention dans le livre. Mais elles sont surtout autant de nouvelles opportunités de soutenir vos projets. Cette section se trouve à la fin de chaque chapitre. Une bonne dose d’inspiration pour vous donner les moyens de faire de l’UX quand vous n’en avez pas les moyens !

Au programme de la v2 (en plus d’une belle impression couleur cette fois-ci, merci Eyrolles !) :
• une actualisation générale de chaque méthode incluant les travaux scientifiques et professionnels les plus récents ;
• des illustrations et templates plus nombreux ainsi que des exemples directement applicables pour mieux vous guider ;
• des conseils pour appliquer certaines méthodes à des publics spécifiques, principalement les enfants ;
• des astuces contextualisées au fur et à mesure de votre lecture ;
• une nouvelle section « En mode guérilla » pour chaque méthode avec 65 alternatives moins coûteuses en ressources pour vos projets.

Le chapitre 1. Planification est également scindé en deux pour mieux vous conseiller dans l’implication des parties prenantes et la recherche secondaire. Et le chapitre éthique est revisité pour donner des clés de réflexion sur ce thème essentiel. 220 pages supplémentaires, en plus des contenus mis à jour dans chaque chapitre. Oui oui je sais, c’est mauvais pour les lombaires mais c’est bon pour vos projets !

Merci à tous !