En mai 2020, je répondais aux questions de la team Profession Mutants sur l’UX design. Découvrez cette interview sur Youtube.
Étiquette : user research
Traduire une échelle d’évaluation

Pourquoi adopter un processus scientifique de traduction et de validation d’un outil tel qu’AttrakDiff ?
Les échelles d’évaluation standardisées de l’UX sont fréquemment utilisées mais les processus de création et de traduction sous-jacents sont souvent incompris. Cela peut amener à de mauvais usages. Nous synthétisons ci-dessous la méthode de traduction de ce types d’échelles.
Souvent, chercheurs ou professionnels traduisent eux-mêmes les outils dont ils ont besoin sans forcément suivre de méthodologie précise. Or, les questionnaires standardisés tels que l’AttrakDiff, le UEQ ou le meCUE ont des propriétés psychométriques qui ne peuvent être préservées que si l’on adapte un processus rigoureux de traduction et de validation.
Plusieurs étapes jalonnent une méthodologie de traduction et de validation transculturellle :
1) Préparation d’une version préliminaire. Plusieurs chercheurs bilingues (ou trilingues dans le cas de l’AttrakDiff) créent une première version française. Ils donnent ensuite cette version française à d’autres chercheurs trilingues (sans leur donner la version originale) et leur demandent de re-traduire les items français en allemand et en anglais. C’est ce qu’on appelle une back-translation (ou traduction renversée).
2) Evaluation par un comité d’experts trilingues des versions traduites. Les items qui ont été retraduits fidèlement par les traducteurs sont conservés. Les autres items sont discutés jusqu’à ce qu’un consensus soit trouvé sur la traduction. Il est possible en cas de doute de contacter l’auteur de l’outil original pour savoir quel sens donner à un item. A noter qu’il ne s’agit pas ici d’une traduction littérale parfaite. Parfois, il est nécessaire d’adapter un peu certains items pour que la signification d’origine soit la même dans la langue traduite. La version de l’outil obtenue à ce stade s’appelle la version expérimentale.
3) Avant de réaliser une étude à grande échelle, on effectue un pré-test de la version expérimentale. Concrètement, on interroge une vingtaine de personnes à qui on demande de remplir le questionnaire traduit en présence d’un chercheur. On demande également aux personnes de commenter à voix haute toutes leurs impressions sur les items et d’évaluer la compréhensibilité de chaque item. On vérifie que tous les items reçoivent un score de compréhensibilité élevé et on réajuste si besoin la version expérimentale en repassant par la deuxième étape « comité ».
4 et 5) Enfin, sur base de la version expérimentale pré-testée et validée par le comité, on réalise une étude de l’expérience utilisateur à grande échelle. Un échantillon supérieur à 100 personnes est nécessaire pour pouvoir faire les analyses statistiques nécessaires. On analyse ensuite diverses propriétés de l’échelle et de chaque sous-échelle (consistance interne notamment) pour vérifier que les propriétés psychométriques de l’instrument de base sont respectées. Par exemple, on vérifie que les 7 items constitutifs de chaque sous-échelle de l’AttrakDiff font bien partie de leur échelle de base. De même, on vérifie les liens entre l’AttrakDiff traduit et d’autres variables de mesures de l’UX pour s’assurer que les scores obtenus sont bien corrélés aux mesures similaires et sont bien indépendants de mesures qui évalueraient des aspects différents de ceux de l’AttrakDiff.

Podcast guérilla UX – Salut Les Designers !

Découvrez le podcast Salut Les Designers ! dont le numéro #4 est consacré au guérilla UX.
J’y définis ce que j’entend pas guérilla UX et tente d’en illustrer les avantages de l’approche « quick & clean » à travers de nombreux exemples et anecdotes. Merci Guillaume Genest et l’agence Lunaweb pour l’interview et la retranscription intégrale sur le blog http://blog.lunaweb.fr/linterview-de-carine-lallemand-speciale-guerilla-ux/